Les orques

Un animal exceptionnel

L‘ orque se décline au féminin. Animal mythique à la robe noir et blanche caractéristique, l’orque a eu longtemps la réputation d’une baleine tueuse, effrayante et cruelle. A partir des années 1970, des scientifiques ont commencé à étudier ces puissants mammifères marins et ont découvert un animal doué d’une intelligence hors du commun. Superprédatrice aux méthodes de chasse perfectionnées, certes, les orques sont aussi dotées d’une organisation familiale élaborée, d’un langage et d’une culture qu’elles transmettent de génération en génération. 
A droite : Une orque © Paul Tixier

Le plus grand prédateur marin

Orcinus orca est un mammifère marin du sous-ordre des cétacés à dents, les odontocètes. L’ orque est le plus grand représentant de la famille des delphinidés. Les mâles sont beaucoup plus grands que les femelles. Généralement, les mâles adultes mesurent entre 7 et 8 mètres  pour un poids compris entre 4 et 5 tonnes. Les femelles mesurent entre 5 et 6 mètres de long, pour un poids entre 2,5 et 3 tonnes. Les nageoires dorsales et pectrales sont plus grandes chez les mâles que chez les femelles. Chez les mâles, l’aileron dorsale peut atteindre 1,8 mètres de hauteur. Chez les femelles, il ne dépasse pas 90 centimètres. Les orques sont aussi les mammifères marins les plus rapides : ils peuvent nager à 65 km/h.
A gauche : un scientifique attire une orque en frappant la surface de l’eau. Les orques réagissent au moindre son inhabituel. Photo © Christophe Guinet

Où vivent-elles?

Présentes dans tous les océans et la plupart des mers du monde, les orques sont une espèce cosmopolite qui évolue aussi bien dans les zones cotières qu’en milieu océanique. Mais l’espèce est plus abondante dans les mers tempérées froides et les océans polaires, notament l’Océan Austral. On estime que l’effectif global des populations d’orques est de l’ordre d’une centaine de milliers d’individus à l’échelle mondiale.

Une organisation autour de la matriarche

Les orques se déplacent en groupe autour d’une femelle fondatrice. Ces unités maternelles regroupent 2 à 3 générations de mâles et de femelles se déplaçant toujours ensemble. Ces unités sont parmi les plus stables de tout le règne animal. A la mort de la matriarche de nouveaux groupes se forment autour des filles.
A gauche : Une unité d’orques femelles se déplace avec leurs jeunes. Photo  © Paul Tixier

Reproduction

Ce grand prédateur sofistiqué se reproduit peu. Les femelles atteignent leur maturité sexuelle entre 8 ans et 14 ans. L’intervalle entre deux naissances est de 2 à 12 ans, avec une moyenne de 5 ans. La durée de la période de gestation est variable, de quinze à dix-huit mois. Les femelles donnent naissance en moyenne à 5 petits viables au court de leurs 25 ans de vie reproductive. Elles cessent de se reproduire vers 40 ans.
Les orques mâles atteigneraient la maturité sexuelle vers 21 ans environ. Ce sont les mâles qui voyagent d’un groupe à l’autre pour s’accoupler aux femelles des autres groupes.
A droite : Une orque et son petit. Photo © Nicolas Gasco

L’art de la chasse

Une orque de taille moyenne a besoin quotidiennement de 40 à 80 kg de proies. Elles ne mangent pas toutes la même chose. En Islande et en Norvège, elles sont spécialisées dans la pêche au hareng, en Colombie-Britannique, deux populations distinctes mangent des saumons pour l’une et des mammifères marins pour l’autre. Dans l’océan austral, elles chassent des poissons, des éléphants de mer et des oiseaux marins.
Partout elles montrent des capacités stratégiques de chasse exceptionnelles. A l’aide de leur langage, de la transmission social vers les plus jeunes, elles pauffinent leurs techniques de chasse. La pêche à la palangre des légines ne pouvait pas passer inaperçue pour ces superprédateurs.
A gauche : Orque chassant en bordure de la côte sur l’île de la Possession, Crozet. Photo © Christophe Guinet

Le langage des orques

La communication acoustique joue un rôle fondamental pour les mammifères marins vivant dans un environnement aquatique. Les orques émettent différents sons que les scientifiques catégorisent ainsi :
– Les clicks : brèves impulsions sonores employées comme signaux d’écholocation de leur proies.
– Les sifflements : des sons purs stéréotypés ou variables produits lorsque les orques se regroupent.
– Les cris pulsés variables caractérisés par leur richesse harmonique permettent aux individus d’un même groupe d’échanger des informations.

L’analyse des répertoires des cris de chacune des unités maternelles d’une population a permis de montrer qu’il existait plusieurs dialectes liés à des groupes différents.
A gauche : Sous l’eau, les orques communiquent entre elles par différents sons qui peuvent se propager sur une centaine de kilomètres. Photo © Xavier Desmier

Ecoutez les orques de CrozetEcoutez les orques de type D

Transmission culturelle

La diversité du répertoire comportemental des orques suggère un transfert social des connaissances. Chez cette espèce, la présence de femelles agées qui ont cessé de se reproduire, transmettent leur expériences aux plus jeunes et améliorent les chances de survie des membres du groupe.
Dans le cadre de la chasse au éléphants de mer sur les plages de Crozet, des orques adultes encadrent des orques plus jeunes et moins expérimentées sur la plage afin de pouvoir les aider à regagner si elles n’y arrivent pas seules. Photo © Yvon Gouedard

Deux populations d’orques autour de Crozet

Les travaux de photo-identification conduit depuis les bateaux de pêche ont permis de montrer que deux populations d’orques étaient présentes et déprédataient les lignes de pêche. Les plus communes, les orques dit « de Crozet » qui peuvent être aussi observées depuis les côtes des iles sont les plus régulièrement observées en interaction avec les bateaux de pêche. La deuxième population, dit orques « de type D » obervées uniquement depuis les bateaux en haute mer se différencient par leur taille (elles sont plus petites), une minuscule tache oculaire et leur tête qui est plus globuleuse.
A ce jour nous avons pu photo-identifier une quarantaine de ces orques qui se déplacent entre Crozet et Kerguelen.
Ces deux formes d’orques ne se mélangent jamais au sein d’un même groupe.
A gauche : Une orque femelle de type D photographiée en haute mer. Photo © Paul Tixier

Menaces sur les orques

Les orques sont des super prédateurs qui, de fait, ne devraient pas subir une mortalité par prédation importante. Mais l’homme, avec son potentiel de nuisance exceptionnel, est responsable de leur raréfaction. Bruits, pollution et surpêche sont les trois grandes menaces qui pèsent sur les populations d’orques dans le monde. Alors qu’elles sont protégées par des règlementations nationales et internationales, certaines populations d’orques sont en déclin. A Crozet, la population a été divisée par deux au début des années 2000 suite à un épisode de pêche illégale pendant lequel les pêcheurs illégaux tiraient sur les orques. Depuis la fin de la pêche illégale, la population s’est stabilisée. Récemment, une tendance à la diminution a été observée. Plusieurs indices suggèrent que les orques sont toujours victimes de tirs de la part de bateaux de pêche non-autorisés ou non contrôlés (absence d’observateurs des pêches) dans les eaux internationales.
A droite, sur cette photo d’identification d’une orque, on peut clairement distinguer un impact de balle dans sa nageoire caudale. En effet les orques s’approchant trop près des bateaux de pêche non-autorisés sont souvent la cible de tirs. Photo © Hugues Vermande

Documentaire

À l’école des orques

Quatre ans de tournage dans les eaux glacées autour de l’archipel volcanique des Iles Crozet ont été nécessaires pour suivre les aventures de Delphine, une jeune orque épaulard.
Au sein de sa famille, elle apprend à se repérer, à s’échouer pour capturer des éléphants de mer, ou encore à chasser les manchots royaux et les rorquals de Minke. Pour la première fois, des plongeurs ont osé plonger aux côtés de ces grands prédateurs pour ramener une incroyable série d’images. Plongez dans l’univers des maîtres de Crozet…

Réalisateur : Bertrand LOYER
Saint Thomas Production